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Simona Polvani in Disorientamento /Girare. Foto: Ludivine Allegue. Analog photography [Leica CL, f/5.6], Musée des Arts et Métiers (Parigi), 2016.

La poesia disorientamento / girare è stata scritta per la creazione di poesia sonora e performance site specific omonima.


disorientamento / girare

creazione di poesia sonora e performance site specific (2016)

Testo, voce e performance         Simona Polvani

Musica elettronica                       Frédéric Mathevet 

Kimono, realizzazione Valentina Lacmanovic, dipinto Ludivine Allegue Make-Up    Ovidiu Batista

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La performance Disorientamento/girare è stata creata in collaborazione con Ludivine Allegue e Valentina Lacmanovic, come prima parte della loro performance DISORIENT, e presentata il 3 e 4 dicembre 2016 al Musée National des Arts et Métiers durante il Festival Corps dessinant in risonanza con la mostra Machines à dessiner allestita in quei giorni al museo. Simona Polvani ha partecipato con la propria performance danzata il 4 dicembre, mentre la creazione di poesia sonora realizzata con il musicista Frédéric Mathevet ha introdotto DISORIENT sia il 3 che il 4 dicembre.

© Simona Polvani poesia disorientamento girare, 2016

REST IN PEACE  

au pied de l’arbre 

dans l’écume des herbes

REST IN PEACE  

sans mort apparente 

seul le sommeil nu de mémoire

et le vent pour disperser les scories 

qui obstruent les lignes des veines

REST IN PEACE  

sans compter le temps

ni en secondes ni en jours

jusqu’à ce que neuve renaître à la verticale 

reprendre les trames des pas

même au bout de la nuit

la langue pleine de soleil

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Copyright © 2023 Simona Polvani, À bras le texte /Action_Autoportrait en reflet avec arbre /workinprogress (photo by iPhone) + Rest In Peace (poème)

 

1.

@SimonaPolvani2020 Vista da casa 8_04_2020

@2020 Simona Polvani – Vue du confinement, Paris, 08 avril 2020, horaire: 10:20:24.

 

Aujourd’hui c’est le jour 51 du confinement en France. J’ai lue cette chiffre dans des comptes des ami.es, car en réalité, je ne tiens pas le compte des jours qui passent. Je les sens couler, mais les compter, ça aurait signifié de donner encore plus de lourdeur à une expérience étrange, inédite, effrayante dont j’ignore la fin. Chaque jour, aurait été comme une goutte de la torture chinoise… Alors, je laisse défiler les jours, un après l’autre.
Je me suis concentrée sur ce que je pouvais faire même confinée. Je me suis faite aspirer par “le dedans” de mon deux pièces, où je pouvais respirer sans crainte, et en même temps j’ai recherché parfois discrètement, parfois avidement, tous les signes de vie humaine, animale, vegetale au delà de mes fenêtres.

Oeil rapace, oeil contemplatif.

Et par là, j’ai construit des nouveaux jours, cherchant tenacement ce qui était en mesure de me donner de la joie – ou au moins de limiter l’angoisse – et de lutter contre l’immobilité à laquelle le confinement paraît me condamner (nous condamner).

 

2.

 

 

©SimonaPolvani 2020 - Screenshot 3 video Danza confinata 23_03_2020

©2020 SimonaPolvani – Screenshot video Danza confinata, Paris, 23 mars 2020, horaire: 20:46:00

 

©SimonaPolvani 2020 - Screenshot 2 video Danza confinata 23_03_2020

©2020 SimonaPolvani – Screenshot video Danza confinata, Paris, 23 mars 2020, horaire: 20:46:00

©SimonaPolvani 2020 - Screenshot 1 video Danza confinata 23_03_2020

©2020 SimonaPolvani – Screenshot video Danza confinata, Paris, 23 mars 2020, horaire: 20:46:00

 

Je crois que le fait qu’au moment où le coronavirus a commencé à ravager notre monde, je venais à peine de terminer mon doctorat, a joué dans cette nécessité de chercher, même enfermée, de ne pas “perdre mon corps”. Car je sortais juste d’une longue période d’un different type de confinement et d’immobilité.
J’ai commencé d’abord à marcher dans mon appartement, à faire milles, deux milles, trois milles, jusqu’à sept milles pas, une fois.
Ensuite, j’ai retrouvé la danse que dans la dernière année et demi j’avais presque perdue. J’ai ainsi scandé ces nouveaux jours par des petits rituels de temps dansé grâce aux magnifiques enseignant.e.s, maîtresses et maîtres qui ont converti les ateliers en séance à distance: Antonella De Sarno, et sa danse sensible, Lorna Lawrie, Carey Jeffries, Atsushi Takenouchi avec leurs différentes approches du butō. J’ai commencé à pratiquer du pilates avec la grandiose Caroline Berger (biopilates).
Le dimanche après midi, depuis deux semaines, je voyage idéalement (et pourtant quel bonheur inattendu…) de chez moi à Paris en direction de New York pour participer aux séances de yoga Vinyasa et de méditation animées par Barbara Verrochi et Kristin Leigh auprès de The Shala Yoga House.

Ces séances, de danse, yoga, pilates, se sont toutes transformées dans un formidable moment de vie. Chaque visage des différent.e.s participant.e.s depuis plusieurs pays est ainsi devenu comme une fenêtre ouverte sur le monde. Ce monde, qui m’a semblé de plus en plus insaisissable et menaçant à l’extérieur, a trouvé son miroir rassurant, plein d’espoir, dans ces visages et la portion d’intime – celui de nos maisons et des pratiques somatiques et spirituelles qu’on partage. La “zoomisation” n’a pas signifié une “zombisation”.
L’écran, les live streams, les visioconférences, ne sont non plus pour moi q’un simple moyen de communication. Ils bâtissent, ils sont un véritable espace commun. Il ont fait/ créé “des communautés”.

 

3. 

Parmi les rituels – les passions – que je venais à peine de reprendre avant que le covid-19 nous enfermait, il y avait le théâtre, au sens d’aller voir des spectacles, pas juste de l’étudier. [Les derniers mois de rédaction de la thèse avaient affecté aussi la fréquentations des ces lieux magiques, à la fois réels et utopiques, hélas !]

Une fois confinée, bien qu’abonnée à plusieurs newsletters, peut-être parce que j’étais déjà “au jeune” , je ne me suis pas trop intéressée aux différentes initiatives organisées par les théâtres qui, tout à coup, se trouvaient privés de leurs saisons.
Mais hier matin, pour des recherches liées à un article que je suis en train d’écrire, je me suis rendue sur le site de La Colline – Théâtre National (auquel d’ailleurs, j’ai été abonnée dans les deux dernières saisons).
Mon attention a été attirée par Au creux de l’oreille, que ce théâtre a lancé expressément pour ce confinement, réunissant 200 artistes amis de La Colline, qui offrent au téléphone des lectures de poésie, de théâtre, de littérature, de musique, “pour quelques minutes ou plus”… Il s’agit d’une initiative gratuite et ses artistes se sont tous portés benevoles.
Je me suis inscrite, animée par une certaine curiosité de “retrouver du théâtre”, ou une de ses textures, grâce à la présence de ces êtres mystérieux et fascinants qui sont pour moi les artistes de la scène. J’avoue que je ne m’étais pas plongée sur la longue liste des noms des artistes impliqué.e.s dans ce projet. Ce qui m’intéressais étant le plaisir de pouvoir faire cette nouvelle expérience, d’un théâtre qui vient chez moi, d’un théâtre qui ne se voit pas. Et qui est pourtant vivant, par une présence d’un corps-voix, d’un être voix: c’est ce que je pouvais imaginer.

Mon appel était prévu dans le créneau de 16h à 17h.
À 16h pile mon portable a sonné. Quand j’ai décroché, une voix douce m’a dit bonjour et demandé si j’étais Simona. Elle a ajouté qu’elle appelait pour le théâtre de la Colline. Ensuite, elle s’est présentée: “Je suis JANE BIRKIN“.
Une vague d’émotion m’a saisie. J’ai même pensé, que comme il s’agissait du théâtre, peut-être que non, que la personne qui était en train de me parler, n’était pas JANE BIRKIN, mais qu’il devait avoir eu une pièce (que j’ignorais!) où un personnage était Jane Birkin, et que là, on était en train de me proposer une partie de cette pièce (le cerveau face à l’extraordinaire trouve toutes les raisons pour rendre la réalité invraisemblable, ou bien vraisemblable…).

Jane Birkin m’a proposé des poèmes de Prévert, et notamment Les feuilles mortes, et le texte de La chanson de Prévert de Serge Gainsbourg qui s’en est inspiré, avec d’autres textes de ses chansons déchirantes. Je flottais, je me perdais et retrouvais dans sa voix et les tourbillons de ces poèmes, qui parlaient de distance, de séparation, de fin, de mort et de recommencement. Il y avait la vie, toute entière. À la fin de sa lecture, nous avons parlé, de notre présent, du confinement réciproque. Quand nous nous sommes saluées, c’était comme si la pesanteur avait été retirée de mon corps et la lumière déjà intense éclatait dans mon appartement. Ce n’était pas qu’une voix qui s’était présentée au creux de mon oreille. Tout un univers artistique et humain s’était condensé dans cette voix si parlante. L’art, c’est ça aussi, c’est surtout ça.

Je remercie Jane Birkin pour sa générosité et son indicible sensibilité. Je remercie Wajdi Mouawad et toute l‘équipe de La Colline pour m’avoir permis de faire encore expérience d’un art vivant et d’un moment de vie exceptionnel pour toujours.

 

Jane Birkin & Charlotte Gainsbourg live – 
La Chanson de Prévert, 2 avril 2017

 

©Simona Polvani, 6 mai 2020

polvani5


 


 

 

You come, you come

                                                                          A line of translucent light

And you touch me,

A hand, shoulder blade exposed

You come and you dissolve the wax

with the blind ear

Impenetrable, I wandered, closed off

                                                                          All in silk trickle

                                                                          // Against, I say, against

Powerlessness, resistant the language

With the refrain that emaciates

The now

You come and you unfurl

                                                                          Uncertain crackling of fissures

Ulna against malleolus
Lashes and flagella to explore
Pallor, to flush
Redness

                                                                          (You enchant me

Again, I am
On stone here
Emerging on the surface
Of the stretched horizon

 

To appear, disappear
Petals and leaves of wings to spread
Going
Still going


 

 

Text by Simona Polvani

Poem for video installation In-Apparenza (2012); conception and text by Simona Polvani, video production by Federico Fiori and Francesca Lenzi (Influx); at Nottilucente Festival 2012, Piazza delle Erbe, San Gimignano, Italy.

Translated in English by Diane Eberhardt.

Photo: Untitled (2013), by Stefano Frosini
Nikon case D300s, optical Sigma 17-50mm F/18, 53.2 secondes